La main experte de Natacha Frenkel fait ressurgir les traces de notre passé.
Conservatrice-restauratrice du patrimoine, Natacha Frenkel a installé son atelier à Elven, en Bretagne. Après avoir étudié l’histoire de l’art à la Sorbonne, puis réalisé une formation d’archéologue et un BTS d’art céramique, la jeune femme souhaitait placer le patrimoine au cœur de son métier. « J’ai découvert le Master de Restaurateur d’État en 2006 à l’Institut National du Patrimoine, avec la spécialisation “Art du Feu”, qui concernent tous les objets d’art et d’archéologie cuits au feu (céramique, verre, porcelaine, faïence, cristal) », raconte la conservatrice-restauratrice. Depuis 2006, comme son diplôme d’État lui permet, elle travaille avec des musées français, comme le Centre Georges Pompidou, et étrangers, sur des objets (arts de la table, bijoux, décorations) du néolithique jusqu’à l’art contemporain.
Des Amérindiens à la porcelaine de Limoges
Natacha Frenkel a achevé en 2019 un chantier de quatre ans sur la restauration de l’ensemble des pièces du Musée Départemental d’Archéologie et de Préhistoire de la Martinique, soit 676 objets amérindiens du VIe au Xe siècle. « Ma tâche consiste à réaliser les opérations courantes d’entretien des œuvres, à m’assurer qu’elles soient conservées dans de bonnes conditions et à refaire des collages ou des éléments manquants. » Pour cela, elle s’appuie sur des contextes historiques précis : rapports d’archéologie, photos d’origine ou analyses en laboratoire pour déterminer l’authenticité des objets et en comprendre les altérations.
Son expérience la confronte à deux types de spécimens : les objets d’archéologie laissés par les habitants, souvent cassés et enfouis dans le sol, et les objets d’art, conservés chez leurs propriétaires, mais qui ont parfois subi des dégâts des eaux ou des chutes. « Avant de toucher un objet, je dois connaître son aspect de départ, la volonté de son créateur. D’ailleurs, trouver l’empreinte du potier est toujours très émouvant. Ma restauration laisse visible la patine du temps. Ma démarche vise à conserver l’objet pour les générations futures. » Natacha Frenkel travaille in situ, sur le lieu de résidence de l’objet, ou dans son atelier. De mai à juillet 2019, elle grimpera sur un échafaudage aux Halles Centrales de Limoges pour en restaurer les 656 carreaux de porcelaine.