Laqueur émérite, Rémi Maillard fait entrer la laque dans le XXIe siècle avec ses pièces créatives et décoratives. Un travail minutieux à l’esthétisme rare !
Itinéraire d’un artiste prodigue
Rémi Maillard aime à dire qu’il est né avec un pinceau dans les mains. Artiste dans l’âme, cet ancien moine franciscain s’est essayé, avec brio, à la peinture sur soie. Egalement au stylisme de mode pour des grands noms de la Haute Couture ou à la création de sa propre griffe avant de découvrir la laque. C’est sa rencontre avec Paulette Bonizec qui va bouleverser le cours de son existence. Celle qui deviendra son amie lui révèle les secrets de ce matériau élégant pour lequel Rémi tombe en amour. S’ensuivent des années de formation et de recherche personnelle pour parfaire les différentes techniques de son art. Un savoir-faire reconnu par le label d’Entreprise du patrimoine vivant.
Revoir les techniques millénaires à l’aune de la modernité
Littéralement passionné par son métier, Rémi Maillard décrit la laque comme une profession merveilleuse. Celle-ci suppose la maîtrise de différents métiers d’art d’excellence. Tour à tour peintre, décorateur, doreur, sculpteur ou graveur, le laqueur s’appuie sur un savoir-faire millénaire pour créer entre ses mains expertes un laque. Héritiers d’une longue tradition des arts décoratifs asiatiques, les laques de Rémi Maillard saisissent par leur contemporanéité. C’est peut-être là que réside tout le talent de l’artiste : réussir le mariage audacieux de la fidélité presque religieuse aux techniques millénaires et de la modernité impertinente de ses décors. Une créativité rare qui prendra bientôt vie au travers de vitraux monumentaux qui orneront les murs d’une chapelle près de chez lui.
Gourmand gourmet, Rémi Maillard aborde la laque comme la cuisine : avec le cœur ! Dans le sanctuaire de son atelier, l’artiste profite du silence des lieux pour entamer un long chemin initiatique dont le laque est la destination. Chaque support en bois est recouvert dans les règles de l’art de 80 à 100 couches de laque entre lesquelles Rémi incruste patiemment de la limaille de fer, de la dentelle, des fibres optiques, des coquilles d’œufs ou d’autres matériaux dont il garde le secret. À la manière d’un alchimiste, l’artiste parvient à révéler toute une palette chromatique aux subtils jeux de textures. Comme ces laques noirs d’une telle pureté qu’il est possible de s’y refléter comme dans un miroir. Un voyage profond dans les tréfonds de cet art. Avant de partir au pays du Soleil-Levant rencontrer les trésors vivants japonais.
Transmettre pour faire perdurer
Installé à Nançay, Rémi Maillard nourrit l’envie de faire vivre la laque. L’artiste aspire désormais à transmettre son savoir-faire d’exception au sein d’une école qu’il devrait créer prochainement en France et aux États-Unis. Passeur, une nouvelle vocation qui l’enthousiasme déjà !