De Tokushima à Paris, l’Atelier Seiran perpétue et réinvente depuis plus de cinquante ans l’art rare de l’indigo japonais.
La renaissance d’un bleu éternel


Tout commence avec l’intuition d’une femme, Yôko Hashimoto. En 1970, dans le jardin de sa maison à Tokushima, elle fonde l’Atelier Seiran. Son objectif est clair : sauver un savoir-faire en péril. Après la Seconde Guerre mondiale, les teintures chimiques menaçaient de faire disparaître l’aizome, la teinture à l’indigo japonais. Pour préserver cet art ancestral, Yôko crée un lieu où tradition et création se rencontrent. L’année suivante, elle devient la première artisane de Tokushima à posséder sa propre cuve à indigo.
De plus, Yôko Hashimoto ne se contente pas de protéger le passé. En effet, elle innove en mariant la technique de la cire et l’indigo japonais. Cette combinaison inédite exige rigueur et sensibilité. Ainsi, elle donne naissance à un univers unique, empreint de poésie et d’audace.
Cinquante ans plus tard, l’Atelier Seiran rayonne toujours. Sous l’impulsion de Yôko, de ses filles Hatsuko Ukigawa et Kiyoko Hashimoto, l’atelier poursuit son rayonnement. Entourée d’artisans passionnés, l’équipe reste fidèle à son essence : protéger, transformer et faire vivre un héritage en mouvement.
Chaque pièce naît d’un processus minutieux. Les artisans cultivent le tade-ai, élaborent le pigment sukumo, et appliquent la cire fondue sur le tissu. Puis, ils plongent la matière dans la cuve. Trempage après trempage, les dégradés subtils et les bleus profonds signent la main de l’atelier.
L’indigo comme matière artistique

Chez Seiran, l’indigo japonais devient matière artistique. L’atelier explore diverses formes : tableaux, kakémonos, œuvres murales et installations monumentales. Certaines créations s’enrichissent de calligraphie. Cette recherche s’exprime également dans des expérimentations audacieuses. L’équipe associe par exemple l’aizome à l’impression 3D. Ce procédé fait dialoguer des poèmes de la période Heian (794-1185) avec des toiles teintées d’indigo.

Grâce à cette démarche, l’Atelier Seiran gagne une reconnaissance grandissante dans le monde de l’art. En 2022, l’œuvre de Yôko Hashimoto « Tourbillons de Jomi » est sélectionnée pour Le Salon, organisé par la Société des Artistes Français. Depuis, Hatsuko Ukigawa et Kiyoko Hashimoto représentent l’atelier à chaque édition. Aujourd’hui, Seiran participe à de prestigieux événements parisiens : le Salon National des Beaux-Arts, le Salon International du Patrimoine Culturel et le Salon d’Automne.
L’équipe associe par exemple l’aizome à l’impression 3D. Ce procédé fait dialoguer des poèmes de la période Heian (794-1185) avec des toiles teintées d’indigo. Chaque création illustre la philosophie de Seiran : transformer le geste artisanal en langage artistique universel.
Une collaboration tournée vers l’avenir

Fidèle à son esprit d’innovation, l’Atelier Seiran multiplie les collaborations artistiques internationales. Après avoir exploré le lien entre indigo, calligraphie et impression 3D, l’équipe ouvre un nouveau champ : la rencontre entre cultures.
Cet automne, elle s’associe à l’artiste camerounais Serge Mouangue pour une œuvre présentée à l’AKAA – Also Known As Africa – au Carreau du Temple à Paris, en octobre 2025. Ce mariage harmonieux unit les symboles du Cameroun, le juju-hat, à ceux du Japon, la teinture indigo. L’installation, monumentale, évoque ainsi le temps et la spiritualité. Pour cette création, douze nouveaux motifs représentent la terre, l’eau et l’harmonie, tous conçus en indigo.
Avec ce projet, l’Atelier Seiran affirme sa vocation. Faire vivre l’indigo japonais en l’ouvrant au monde, entre fidélité à la tradition et regard tourné vers l’avenir.

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