Valérie Gibault dévoile ses sculptures animalières en grès ou en bronze comme autant de témoignages de l’effondrement de la vie sauvage.
Un parcours artistique singulier
Touchée par la disparition des espèces, le travail de Valérie Gibault est le prolongement de son amour pour les animaux. « Issue d’une famille de propriétaires terriens, j’ai toujours été entourée de chats, de chiens, de poules et de paons. Il est difficile pour moi de vivre sans. Mais ma véritable passion, ce sont les animaux sauvages. J’aime leur liberté et leur capacité à vivre sans l’homme, liberté souvent entravée par ce dernier. Par mes sculptures animalières, je souhaite partager l’émerveillement que j’éprouve pour ce foisonnement d’intelligence et de différences ! » témoigne l’artiste.
Petite, Valérie aime dessiner, tout le temps et partout. Sur ses cahiers d’école, pendant les cours… « J’étais une petite fille introvertie et le dessin m’emmenait ailleurs ». Puis, elle veut entrer dans une école d’art mais ses parents lui apprennent à ne pas rêver. Elle fait ainsi des études de Langues Etrangères appliquées aux Affaires et Commerce. Elle se dirige ensuite vers le commerce international avant de rejoindre l’univers de la décoration d’intérieur. C’est là qu’elle rencontre des artistes qu’elle expose au sein du showroom dont elle a la responsabilité.
Le début d’une autre vie
« C’est par une rencontre lors d’un voyage en Corse que j’ai pris conscience que l’art faisait partie de mon ADN. À mon retour, je me suis inscrite aux Ateliers de modelage et poterie Croix Baragnon à Toulouse. J’avais le farouche désir d’y apprendre toutes les techniques. » En 2003, sous la houlette de Nadia Panziera, elle découvre l’envie de créer. « On nous imposait des modèles, mais dès que notre professeur avait le dos tourné, je modelais des tortues ! » En outre, elle fait des stages de raku et autres techniques de patine et émaillage. Elle devient également membre de l’Association Terres de Cocagne.
En 2008, elle intègre l’atelier Inventerre à Toulouse, animée à l’époque par le grand sculpteur et aquarelliste Philippe Vincent. « Il a été un élément déclencheur, m’a guidée et j’ai progressé. Il m’a conforté dans l’idée que mon domaine de prédilection, c’est les animaux. J’ai commencé à constituer mon bestiaire. » Elle sculpte alors un hippopotame en grès. Lors de sa première exposition au Salon d’automne en 2014, celui-ci va recevoir le prix de la Ville de Balma. Observatrice et passionnée, son art naturaliste se traduit par des sculptures animalières classiques et intemporelles.
Exposer pour mieux s’exposer
Nul besoin d’aller au bout du monde pour voir évoluer les êtres qui la bouleversent et faire émerger du grès, serpent, rhinocéros, éléphant, girafe, crocodile, poulpe ou chimpanzé. « Je suis abonnée à des revues animalières, collectionne les livres documentaires, parcours les muséums d’histoire naturelles et les parcs animaliers. J’étudie l’animal, observe son mode de vie, sa façon de se mouvoir et de se reproduire. » En modelant, la sculptrice animalière crée ainsi un lien avec lui et se l’approprie. « Mes mains sont guidées par mon cerveau, traduisent des choses profondes, mes sentiments et donnent vie à la terre. » Son travail plait et les expositions s’enchainent : collectives, Journées du Patrimoine, salons, ART3F…
En 2018, elle ressent le besoin d’aller plus loin dans son art et de faire évoluer ses sculptures animalières. Elle pousse alors la porte de la Fonderie Ilhat, où elle réalise certains de ses animaux en bronze. Une série est ainsi exposée à Revel, à l’Atelier d’Art Georges Maury. Elle est également présentée dans son atelier-galerie L’In Terre Val, qu’elle a créé en 2021 à Ramonville Saint-Agne. En avril 2022, elle reçoit le prix de sculpture Georges Guiraud de l’Académie du Languedoc. Puis, en avril 2024, elle remporte le prix Cotation Drouot au Festival des Arts de Merville. Une consécration pour l’artiste.
Aujourd’hui, celle qui a toujours conçu des animaux entiers 3D, s’affaire sur une tête de tigre au réalisme déconcertant. « J’ai besoin de varier, chaque espèce est unique et offre un challenge intéressant au niveau technique. » Jusqu’à peut-être, un jour, reconstituer l’arche de Noé ? « Pourquoi pas ? » dit-elle en riant.
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