Jacques Dieudonne crée des bijoux-sculptures et des portails de cathédrales. Il avance comme un sculpteur de métal, et il explore la matière sous toutes ses formes.
Comment êtes-vous devenu sculpteur de métal ?

L’art vient de mon intériorité. Tout d’abord, quand j’ai quitté l’école, j’ai commencé le dessin. Très vite, j’ai voulu aller plus loin. Puis, je me suis formé à l’ancienne école d’art de Maredsous en Belgique. J’ai poursuivi à l’École des Arts-Décoratifs de Strasbourg. Devenu Compagnon bijoutier-joaillier, j’ai obtenu le Diplôme National des Beaux-Arts, option sculpture. Je crois que j’ai toujours été un peu « hors norme » !
Par quel type d’objet avez-vous commencé votre carrière de sculpteur ?
D’abord, j’ai commencé par le bijou. Sa technique et sa créativité m’ont attiré. Son aspect tridimensionnel aussi. Pour moi, le bijou enlace le corps, le bras, le cou ou le doigt. Les pierres et perles restent des éléments dans la structure. Grâce à ma formation de bijoutier, mes bijoux-sculptures étaient portables. (Rires)
Comment avez-vous évolué vers la sculpture grand format ?

En parallèle de mes bijoux-sculptures créés au Québec, je réalisais aussi des pièces plus grandes. Je travaillais en modelage, moulage et fonderie à cire perdue. Puis, j’ai repris les techniques d’orfèvrerie pour créer au marteau des pièces plus vastes en cuivre et laiton. Quand j’ai installé mon atelier en France, j’ai laissé le bijou. Je me suis engagé dans des sculptures plus importantes. Le cuivre, le laiton et le bronze sont devenus mes métaux principaux. Ainsi, le bruit des marteaux est devenu la musique de mon atelier. Aucune démarche intellectuelle ne guidait mes mains. Seule mon intuition me guidait. Cette relation avec la matière m’a mené vers des formes organiques et abstraites. C’est ainsi que j’ai affirmé mon identité de sculpteur de métal.
Votre intériorité est très prégnante. De quelle manière a-t-elle continué à vous guider dans votre travail de sculpteur sur métal ?
Avec le temps, j’ai pris conscience d’une recherche d’intériorité derrière mon abstraction. J’ai découvert une dimension spirituelle.
Je pense que tout art comporte cette dimension, sans lien direct avec une croyance.
Chez moi, elle passe par le travail des fissures. Je modèle ces fissures comme les blessures de la vie. Ces blessures nous font grandir et nous poussent à avancer.
Votre approche vous a conduit vers l’art sacré. Pourquoi ?


Après un long cheminement intérieur, mes quêtes artistique et spirituelle se sont rejointes. Elles m’ont poussé à mettre mon art au service de l’humain.
Dans mes objets sculptés, je ne cherche pas un message. Je veux traduire un ressenti ou une émotion.
J’ai créé des autels, des croix, des sièges et des encensoirs dans plus de cinquante églises en Europe.
Pouvez-vous nous parler d’une œuvre en particulier ?
Je cite souvent le portail de la cathédrale de Liège. Cette pièce monumentale mesure 4,20 m de haut et 3 m de large. Elle allie acier inox et également le laiton doré et s’ouvre dans une verrière de 6 m sur 3 m. Comme toujours, je ne cherche pas un message. Je veux créer une émotion qui puisse toucher le cœur.


En 2005, vous avez été Lauréat du Prix « Talents d’exception » de la Fondation Bettencourt-Schueller pour la création de la sculpture « Mur de Gloire » de la chapelle Saint Joseph, à Châlons-en-Champagne. En quoi ce prix est-il important pour vous ?
Ce prix parle de l’intelligence de la main et du travail de l’être entier avec la matière.
Cette vision résonne avec ma façon d’envisager l’art. C’est donc un privilège d’avoir été primé.
Ce prix a aussi marqué mon parcours de sculpteur de métal.

Les commentaires sont désactivés.