À Mulhouse, Giom Von Birgitta travaille la céramique artisanale avec l’exigence tranquille de ceux qui savent pourquoi ils créent.
Un nom singulier

Giom Von Birgitta est un nom de scène soigneusement choisi. Un clin d’œil assumé à l’univers lyrique et décalé de Maria Ulrika Von Glott. Une manière d’annoncer la couleur. ici, on ne se prend pas trop au sérieux mais on prend la création au sérieux.
Derrière ce nom, Giom (prononcez Guillaume) cultive un rapport sensible à la matière. Il revendique un attachement fort au travail bien fait et reste attentif à ce que ses pièces disent, ou taisent.
Une trajectoire guidée par la terre

Issu de la culture et du tourisme, Giom a longtemps évolué dans l’ombre des artistes. Puis il fait un pas de côté. Un stage chez une céramiste, une fascination immédiate pour la complexité du médium. Et la voie s’impose. Il se forme d’abord en Dordogne, puis au Centre de formation aux arts céramiques, et enfin chez Créamik. En 2018, il ouvre son atelier de céramique à Mulhouse, au cœur de Motoco. Cette ancienne friche textile est aujourd’hui un vivier artistique foisonnant.
Des pièces qui racontent sans bavarder

Minimalistes, intuitives, souvent nées d’un seul trait mental, ses pièces explorent un équilibre subtil. Un émail mis au point à l’atelier, une terre choisie avec soin, une forme qui appelle la main. La céramique artisanale devient ici un langage. Certaines collections évoquent des objets anciens, comme déterrés d’un sol chargé d’histoires. D’autres jouent sur les perceptions. Une tasse qui semble métallique. Un bol dont l’anse reprend un mot alsacien. Un contraste entre rugosité et douceur. Ainsi, le geste n’est jamais gratuit. Il invite à la caresse, à la surprise et à la discussion.
De plus, chaque collection repose sur un choix esthétique fort, dicté par la matière. Ainsi, le grès de Bourgogne donne des reflets bronze ou rouges métallisés. Une argile claire révèle sa douceur sous un émail beurré. Les formes sont pensées pour le quotidien.
Une pratique ancrée et ouverte

Chez Giom, la création ne se limite pas à l’objet. Elle devient aussi prétexte à la rencontre. Depuis ses débuts, il garde en tête quelques mots écrits sur un papier froissé. Travailler dans un environnement inspirant, rester libre dans ses choix, créer du lien. Il intervient régulièrement auprès de publics éloignés de la culture. Il propose aussi des créations sur mesure. Un restaurateur ? Il dessinera une vaisselle adaptée du dressage à la plonge. Un particulier ? Il inventera des objets porteurs de sens pour les destinataires. Chez lui, l’esthétique naît de la contrainte et c’est là qu’elle trouve sa cohérence.
Au croisement des gestes
Fidèle à son envie de faire se rencontrer les univers, Giom explore également d’autres formes. Avec la compagnie Estro, il mêle danse contemporaine et céramique artisanale. Le spectacle Ancrage fragile explore les gestes du corps et ceux du céramiste. Un projet qui prolonge son fil rouge : dire sans discours, jouer sans s’égarer, transmettre sans imposer. Et si ses pièces vous donnent envie de tendre la main, c’est qu’elles sont faites pour ça.

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