Au Musée de Pont-Aven : 24 juin – 5 novembre 2023 ? découvrez les artistes femmes du monde entier dans une exposition captivante. Depuis la « Belle Époque » jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ces artistes ont parcouru les routes de contrées lointaines, de l’Afrique au lointain Orient.
L’émancipation du rôle domestiques des femmes
Dès la fin du XIXe siècle, les mouvements féministes émergents encouragent les femmes à s’émanciper du rôle domestique. Elles souhaitent désormais devenir actrices de leur propre destin. Grâce à leur formation académique, ces artistes femmes acquièrent un statut professionnel. Elles obtiennent des bourses de voyage ou encore des commandes pour des compagnies maritimes. Elles se font même une place au cœur des expositions universelles et coloniales.
Le nouvel orientalisme et les artistes voyageuses
Le tournant du XXe siècle voit un intérêt renouvelé pour l’orientalisme, stimulé par le tourisme d’hivernage à Biskra. Un intérêt soutenu par les expositions de la Société des peintres orientalistes français, auxquelles participent notamment Marie-Caire et Andrée Karpelès.
Exploration de nouveaux territoires
À partir des années vingt, les territoires de « la plus grande France » invitent de nombreuses artistes féminines à voyager. Elles parcourent le monde, de l’Afrique équatoriale jusqu’à Madagascar, en passant par la péninsule indochinoise. Parmi elles, Marcelle Ackein, Alix Aymé, Monique Cras, Marthe Flandrin, Anna Quinquaud, Jane Tercafs et Jeanne Thil s’invitent aux voyages. D’autres artistes se rendent au Tibet et en Chine, telles qu’Alexandra David-Neel, Léa Lafugie et Simone Gouzet. Pour Denise Colomb et Thérèse Le Prat, ces voyages de découvertes deviennent le moteur de leur carrière de photographes.
Une perspective non-occidentale
L’exposition illustre les rares artistes femmes n’appartenant pas à la culture occidentale. Par exemple, les chinoises Fan Tchunpi et Pan Yuliang ayant étudié aux Beaux-Arts de Paris, avant de voyager. Elles ont fait le choix risqué de parcourir le monde, des régions du Spitzberg jusqu’au Cap Horn.
Regards féminins sur le monde colonisé
L’expansion coloniale européenne, notamment la colonisation française sous la Troisième République, a influencé les itinéraires de ces artistes femmes. Leur regard diffère d’ailleurs sans aucun doute de celui de leurs homologues masculins. La présence de nombreux portraits témoigne de leur recherche de proximité avec les populations rencontrées. Elles suivent notamment les femmes, auxquelles elles ont plus facilement accès, pour capturer leur quotidien.
Engagement féminin et critique du système colonial
Cette exploration d’un monde colonisé ne remet cependant pas en question la « mission civilisatrice » de la France. Lucie Cousturier est d’ailleurs la seule artiste à s’engager activement contre le système colonial. Sa vie bascule en 1916 lorsqu’elle rencontre des tirailleurs africains, installés dans un camp militaire près de Fréjus. Bénévolement, elle leur apprend le français et se lie d’amitié avec plusieurs d’entre eux. En 1921, elle embarque à Marseille pour un voyage de dix mois du Sénégal au Soudan français. Elle publie ses récits de cette aventure humaine sous les titres « Mes inconnus chez moi » (1920) et « Mes inconnus chez eux » (1925).
Une diversité d’œuvres à découvrir
L’exposition présente environ cent cinquante œuvres, telles que des peintures, sculptures, dessins, affiches, gravures et photographies. De plus, elle offre une grande diversité stylistique qui échappe aux classifications traditionnelles de l’histoire de l’art. Provenant de collections publiques et privées françaises, réunies pour la première fois dans un musée, ces œuvres vous invitent à un voyage inédit à travers le temps et l’espace.
Catalogue de l’exposition
Le catalogue de l’exposition, publié par les Editions Snoeck/Musée de Pont Aven/ Palais Lumière, comprend 265 pages. Il a d’ailleurs été réalisé avec le concours de l’Université Bordeaux Montaigne – Centre de recherches en histoire de l’art-F-G Pariset (UR 538).
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